mercredi 23 août 2017

ECT, une procédure criminelle

Par Luc.

Mise à jour 21/1/2024: les études ne montrent aucun bénéfice contre placebo.

"Il n’existe aucune preuve que l’ECT soit efficace pour sa cible démographique – les femmes plus âgées ou son groupe de diagnostic cible – les personnes gravement déprimées, ou les personnes suicidaires, les personnes qui ont d’abord essayé d’autres traitements sans succès, les patients involontaires ou les enfants et adolescents." [1]

Risque très élevé de pertes de mémoire permanentes à la suite des électrocutions. C'est mis en évidence pour 12 à 55% des personnes. [2]

Risque de dommages cérébraux, d'épilepsie, de mort, et risque anesthésique. 💀

Tout cela pour un procédé qui fait moins bien que le placebo!

Pire: la pratique ne respecte pas le consentement éclairé, car la personne souvent est déjà contrainte ou privée de liberté. On entend, par exemple: "Acceptez l'ECT et vous sortirez plus vite de l'hôpital."

L'histoire des traitements par choc.

Le principe des traitements de choc dans les asiles était d'impressionner, de terrifier même, les personnes internées.

L'histoire des ECT, ou électroconvulsivothérapie, alias sismothérapie, alias électrochocs, s'inscrit dans les traitements dit "de choc" inventés dans les asiles passés. Ces procédés consistaient en gros à traumatiser la personne par des interventions violentes. Il s'agissait de tortures destinées à impressionner la personne le plus fortement possible, et à la menacer de recommencer si elle ne se soumettait pas corps et âme au rôle imposé par le pouvoir asilaire. Ces procédés étaient pratiqués sur les personnes innocentes enfermées dans les asiles, afin de nourrir les prétentions médicales et scientifiques de leur geôliers.

L'inventeur de la "médecine de l'organe de l'âme" ou psychiatrie est le médecin allemand Johann Christian Reil (en 1808). Il pratiquait déjà ces traitements dit de choc. Un de ces traitements de choc, consistait à s'emparer du patient sans crier gare, et à le plonger nu dans un baignoire remplie d'eau glacée. Reil était fier d'avoir rafiné le procédé en faisant placer des anguilles vivantes dans la baignoire.

Un certain nombre de personnes ainsi internées vivaient habituellement prostrées dans le désespoir de devoir vivre enfermées à vie dans ces enfers d'inhumanité et d'indignité qu'étaient les asiles. Le Dr Reil s'émerveilla que son traitement de choc parvint à susciter des manifestations de protestation ou de fuite de la part de ses victimes. Il théorisa alors que les "maladies mentales" consistaient en déséquilibres des trois "forces mentales", qu'il nomma conscience de soi-même en tant qu'entité, circonspection et attention. Il institua les "traitements de choc" destinés à "corriger" ces "déséquilibres". C'était évidemment complètement pseudo-scientifique.


Les convulsions artificielles suivent la logique du "traitement de choc".


Avec le temps, la prétention pseudo-scientifique s'est renforcée de plus en plus. La torture "simple" ne suffisait plus. Il fut observé qu'après une crise d'épilepsie, les patients neurologiques présentaient un état post-critique, durant de quelques minutes à quelques heures, pendant lequel le patient fait l'expérience de la confusion, puis récupère. L'hypothèse fut émise que la crise convulsive "soignerait" les état confusionnels. 


La pseudo-science en action

Dans la même veine pseudo-scientifique, les psychiatres élaborèrent sur l'idée que l'épilepsie et ladite "schizophrénie" étaient deux conditions antagonistes, l'une excluant l'autre. Cette absurdité a été poussée jusqu'à transfuser du sang de personnes dites "schizophrènes" à des patients épileptiques afin de limiter leurs crises convulsives. Inversement, on était persuadé que les convulsions devaient logiquement "soigner" les patients étiquetés "schizophrènes". Le procédé permettait aussi de rendre l'imposture plus crédible, plus scientifique, en apparence. Différents moyens ont été mis en œuvre pour provoquer ces convulsions artificielles.

Entre 1917 et 1935, quatre méthodes furent utilisées en pratique psychiatrique pour induire des convulsions artificielles:

  1. L'hyperthermie, par exemple en injectant la tuberculine, ou en inoculant des agents pathogènes comme celui de l'érysipèle ou le plasmodium de la malaria, Julius Wagner-Jauregg, 1917.
  2. L'hypoglycémie, et le coma induit par injection d'insuline, Manfred J. Sakel, 1927.
  3. Les produits, comme le pentylènetétrazole ou metrazol, Ladislaus J. von Meduna, 1934.
  4. L'électrocution cérébrale, Ugo Cerletti and Lucio Bini, 1937.

La fondation Nobel, qui récompensa l'invention de l'horrible lobotomie, s'est discréditée à nouveau en nobélisant l'injection de la malaria en 1927. Le même Julius Wagner-Jauregg était persuadé que la masturbation causait ladite "schizophrénie" et faisait stériliser ses patients...


Il s'agit de formes de torture


Si le choc par bain glacé s'apparentait plus aux tortures comme le "waterboarding" (Guantanamo), le choc par convulsion cérébrale est plus proche des tortures par asphyxie pratiquées par l'Apartheid, parce que celles-ci laissent des dommages cérébraux irréversibles, à type de déficience cérébrale chronique.


L'électrocution cérébrale était un procédé destiné à terrifier la victime.


Coté effet terreur, c'est garanti: l'électricité faisait figure de science avancée, et était associée aux manipulations de la vie et de la mort avec les fictions comme Frankenstein (Mary Shelley, 1818). Le matériel est impressionnant. L'anesthésie générale fut introduite plus tard pour limiter les mouvements cloniques responsables de fractures. Cette procédure, qui fait des médecins anesthésistes les complices actifs des tortionnaires-charlatans, donne encore plus de crédit au procédé, au yeux de tous.

L'ensemble anésthésie + procédure impressionnante constitue le plus parfait des placebo pour obtenir des "résultats" qui évidemment ne durent pas.


Le complet ridicule

Les électrochocs ont été inventés en 1937. Aujourd'hui, il n'existe pas de modèle des "maladies" traitées, ni d'ailleurs de notions très claires quand au mécanisme d'action des électrocutions.

Le dommage provoqué par l'électrocution cérébrale s'accompagne d'un pic des hormones glucocorticoïdes. C'est connu depuis fort longtemps [3][4], tout comme il est connu que l'administration de glucocorticoïdes à des personnes dépressives les améliore, mais à très court terme seulement.


L'infâmie

L'histoire des ECT, comme celle de la psychiatrie, est faite d'une extraordinaire répétition des cycles de dénonciation, oubli, et retour en force. C'est une disgrâce des media, qui publient sans se lasser ces articles triomphalistes constitués de contre-vérités. Et aujourd'hui, à nouveau, les électrochocs reviennent en force. Il faut dire qu'une seule séance de dommage cérébral irréversible pseudothérapeutique coûte assez cher et que les incitations existent.

Les contre-vérités assenées et médiatisées sont extraordinaires: on nous affirme que la procédure est "sans danger", que le procédé "remodèle" et "régénère" les tissus, que les pertes de mémoire sont "transitoires", etc...


L'effet majeur, en dehors des accidents d'anesthésie, est le dommage cérébral irréversible.


Coté physiologie, c'est nettement moins anodin que les anguilles vivantes. On peut même affirmer que le dommage cérébral irréversible est la conséquence prévisible de ces pratiques d'ECT, quand ce n'est pas l'épilepsie, ou encore la mort en effet secondaire de l'anesthésie générale.

Déjà en 1977, c'était complètement connu et prouvé. [5]
Peter Breggin a rassemblé les documents sur ces dégâts cérébraux [6], et présenté les déficiences cérébrales chroniques provoquées par la répétition des séances.

Les séances répétées réalisent une véritable lobotomie électrique [7].
 

Primum non nocere

A vous de juger ce que font ces psychiatres prescripteurs d'ECT du précepte de base de la médecine "Primum non nocere". En priorité, ne pas nuire. (Thomas Sydenham 1624 – 1689).

L'avocat Wayne Ramsay n'hésite pas à parler de crime contre l'humanité. [8]


Pourquoi ces pratiques horribles?


Dans certains cas, les dépressions peuvent s'aggraver avec les médicaments, les dits "antidépresseurs", parce qu'on intoxique la personne au lieu d'adresser les causes psychosociales de la demande. On fabrique ainsi des conditions iatrogènes, des "bipolarités", et des dépendances pharmacologiques qui sont difficiles à soigner. Les pseudo-diagnostics psychiatriques sont démobilisants et produisent le désespoir.

Il me semble que l'aide à apporter à une personne en condition dépressive est d'abord une affaire humaine, qui met en jeu les qualités humaines individuelles et le soutien communautaire. Quand il n'y a ni carence, ni intoxication, ni médicament causal, ni cause biologique, alors l'aide est faite de présence, de soutien, d'écoute en priorité, de défense des droits humains (sécurité, logement, moyens, accès à la justice, non discrimination, etc), possiblement d'une proposition d'aide psychologique (comme la thérapie cognitive et comportementale) ou de dialogue comme le conseil conjugal ou l'approche de dialogue ouvert avec l'entourage et les intervenants sociaux, ou d'aide professionnelle ou légale, ou encore un travail de deuil selon les cas, et dans certains cas l'arrêt d'une addiction, une meilleure hygiène de vie, et possiblement un travail de nature spirituelle susceptible de donner du sens aux épreuves que la personne traverse et de redonner espoir ou acceptation.

Mais on n'est même pas dans le début du commencement d'une réponse appropriée avec les électrocutions cérébrales. On a postulé sans la moindre preuve que la cause de la dépression était une anomalie biologique du cerveau. On s'est très probablement trompé, mais on bricole quand même le cerveau avec des procédures horribles et le résultat est aberrant: on est en réalité dans l'anti-réponse à la demande de la personne.








Références:

[1] Read, 2020 "Electroconvulsive Therapy for Depression: A Review of the Quality of ECT versus Sham ECT Trials and Meta-Analyses"  Read, John, Kirsch, Irving, McGrath, Laura, Ethical Human Psychology and Psychiatry, Apr 2020, DOI: 10.1891/EHPP-D-19-00014
https://connect.springerpub.com/content/sgrehpp/early/2020/04/02/ehpp-d-19-00014

[2] Read, 2022 "A response to yet another defence of ECT in the absence of robust efficacy and safety evidence." Epidemiology and Psychiatric Sciences. 2022;31:e13. doi:10.1017/S2045796021000846
https://www.cambridge.org/core/journals/epidemiology-and-psychiatric-sciences/article/response-to-yet-another-defence-of-ect-in-the-absence-of-robust-efficacy-and-safety-evidence/A9E878F53979A44ED9E5FF0DC269C187

[3] "Adrenocortical responsibility in relation to psychiatric illness and treatment with ACTH and ECT." (PMID:14897894)
REISS M , HEMPHILL RE , EARLY DF , MAGGS R , COOK ER , PELLY JE 
Journal of Clinical and Experimental Psychopathology [01 Jul 1951, 12(3):171-183]
http://europepmc.org/abstract/med/14897894

[4] "Effects of electroconvulsive therapy on neuropsychological function and circulating levels of ACTH, cortisol, prolactin, and TSH in patients with major depressive illness"
Acta psychiatrica scandinavia, December 1985
http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/j.1600-0447.1985.tb02651.x/full

[5] "Shock Treatment, Brain Damage, and Memory Loss: A Neurological Perspective"
John M. Friedberg, M.D. American Journal of Psychiatry 134:9, September 1977. pp: 1010-1013.
http://www.electricshocktherapy.info/uploads/4/0/7/6/4076267/shock_treatment_brain_damage_and_memory_loss_-_john_m_friedberg.doc

[6] Peter Breggin  http://www.ectresources.org/
 
[7] Description de la lobotomie électrique:
"Electroconvulsive therapy reduces frontal cortical connectivity in severe depressive disorder"
Jennifer S. Perrin, Susanne Merz, Daniel M. Bennett, James Currie, Douglas J. Steele, Ian C. Reid,
and Christian Schwarzbauer, 2012
http://www.pnas.org/content/109/14/5464.full.pdf

[8] "Psychiatry's Electroconvulsive Shock Treatment
A Crime Against Humanity" par Wayne Ramsay, 2014
http://www.wayneramsay.com/ect.htm

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