dimanche 8 janvier 2017

Pourquoi le traitement psychiatrique forcé doit être prohibé, par Jolijn Santegoeds, Campagne No Forced Treatment


Article original en néerlandais:

https://tekeertegendeisoleer.wordpress.com/2016/03/29/waarom-gedwongen-ggz-behandeling-verboden-moet-worden/


Jolijn Santegoeds a créé l'ONG "Stitching Mind Rights" [1], elle est co-présidente du Réseau mondial des usagers et survivants de la psychiatrie (WNUSP) [2] , et membre du conseil d'administration du Réseau européen des (ex-) usagers et survivants de la psychiatrie (ENUSP) [3].


Pourquoi le traitement psychiatrique forcé doit être prohibé, par Jolijn Santegoeds, 29 mars 2016.

Pendant des siècles, a existé la résistance au placement forcé dans les institutions, à l'isolement, à la contention par sangles, à l'administration forcée de médications, aux électrochocs forcés, et à d'autres traitements psychiatriques forcés.

La coercition n'est pas un soin

la coercition est l'une des choses les plus horribles que les personnes puissent faire à autrui, tandis que le bon soin est justement l'une des plus belles choses que les personnes puissent offrir à l'autre. Il y a une différence fondamentale entre la coercition et les soins.

La coercition est contraire au bien-être et mène entre autres au désespoir, à la peur, à la colère et au ressentiment du client. Par la coercition, la voix du client est ignorée, et ses limites ne sont pas respectées. La coercition ne conduit pas à une sécurité accrue, ni au rétablissement de la santé mentale. Au contraire, par la souffrance, l'impuissance, et le manque de soutien, le risque est accru d'aggraver les problèmes psychosociaux et de réaliser une escalade. La coercition est à l'opposé des soins.

La coercition signifie un manque de soins

Les interventions psychiatriques forcées ne sont pas une solution, mais un problème pour les soins de bien-être mental. Depuis longtemps, le traitement forcé a permis aux intervenants de tourner le dos à la situation de crise, et d'abandonner la personne sans soutien réel; cela a empêché le développement de bonnes pratiques de soins.

Bien soigner est possible

Bien soutenir évite la coercition. Avec une attitude de respect et un bon soutien, les problèmes et l'escalade peuvent être évités avec succès, cela rend la coercition obsolète [4]. Une aide réelle est possible.

Des efforts sont nécessaires

Bien que toutes les parties sur le terrain de la santé mentale en Hollande veuillent abolir la coercition [5], le nombre total de demandes de contraintes légales (RM et IBS) continue d'augmenter chaque année. Cependant, il y a dans certains endroits des initiatives spécifiques pour réduire la contrainte, tels que le développement de l'HIC (High / Intensive Care psychiatry, psychiatrie de soins intensifs) [6], qui ont pour but de prévenir l'isolement en permettant un soutien intensif. D'autre part, il y a une augmentation énorme des contraintes dans les consultations externes (autorisation conditionnelle), ainsi que dans les incidents avec des « personnes confuses ». On a conclu à plusieurs reprises que les pratiques étaient « persistantes » , et que la culture était « difficile à changer ».

Apprendre de l'histoire

L'Europe a une longue histoire de xénophobie envers les personnes avec des problèmes psychosociaux. Depuis le 15ème siècle , ont existé des asiles spéciaux conçus comme des prisons, où les gens étaient enchaînés et enfermés comme des bêtes, et les exorcismes étaient communs. Après les découvertes de Charles Darwin et les Lumières (17ème et 18ème siècles), l'essor du secteur médical, a été suivi par l'arrivée de la première loi asilaire en Hollande au 19ème siècle pour les « admissions et soins des lunatiques dans les hôpitaux psychiatriques » dans le but d'offrir des « soins plus humains » que dans les asiles d'aliénés. La jeune science médicale comprenait une diversité de points de vue, et dans le 20ème siècle ont été poursuivies de nombreuses expériences telles que les bains chauds et froids en alternance, la lobotomie, les électrochocs , etc... L' « anthropologie spéciale » [7] ou la science raciale et l' eugénisme, s'est engagée dans la recherche de l'homme parfait, et dans la mise en œuvre de l' « hygiène raciale » destinée à empêcher le « déclin de la race », une idéologie qui affirme ouvertement l'inaptitude de certaines populations, et qui a entraîné le génocide dans lequel les patients psychiatriques ne sont pas épargnés (Seconde Guerre mondiale).

Après ces pages sombres de l'histoire ont été acceptées les déclarations universelles des droits de l'homme affirmant la valeur de chaque être humain, et peu à peu les sociétés sont devenues plus tolérantes. Cependant, la psychiatrie n'a guère changé et elle s'est maintenue sur ses fondements discutables et ses pratiques expérimentales, avec le confinement, les régimes de discipline, et les traitements expérimentaux comme les piliers inchangés de l'offre de traitement. Elle a encore pour but de forcer un changement de comportement des clients, sous prétexte que les clients eux-mêmes sont « incompétents » et incapables d'exprimer leurs préférences. Ceci est absolument faux: Chaque être humain émet des signaux. Il s'agit de les interpréter d'une façon correcte. Le soin réel s'adresse à la personne elle-même plutôt qu'au comportement. Une assistance professionnelle est quelque chose de complètement différent de la répression primaire des symptômes.

Il est temps de tracer une limite. Il est urgent de reconnaître que les soins en santé mentale se sont engagés dans l'erreur au long de leur histoire. La correction brutale des personnes par la main lourde jusqu'à ce qu'elles soient jugées « suffisamment bonnes » n'est pas un but légitime des soins en santé mentale. Il devrait s'agir de bien-être. la contrainte est l'erreur passée des soins en santé mentale. L'innovation est nécessaire.

Le besoin mondial pour des soins non-coercitifs et gratuits

Partout dans le monde existe le traitement forcé. Nous connaissons les images extrêmement bouleversantes des parties les plus pauvres du monde, les gens enchaînés en Asie par exemple, [8] et en Afrique [9], mais aussi dans notre propre pays avec Brandon [10] et Alex [11]. Tant que l'Occident continue d'affirmer que le traitement forcé est le modèle des soins appropriés, ces scènes seront plus difficiles à bannir, d'autant plus que de nombreux pays ont des attentes élevées vis à vis de l'approche occidentale. Il est important de trouver de bonnes solutions dans la quête mondiale pour les soins non-coercitifs et gratuits.

Appel des Nations Unies

Depuis 2006, existe la Convention des Nations Unies sur les Droits des Personnes Handicapées (CDPH) [12] , qui expose combien un changement global est nécessaire à l'égard des personnes handicapées. Plusieurs organes de l' ONU ont clarifié le fait que la contrainte dans les soins viole les droits de l'homme [13], [14], [15], [16], y compris quand cela concerne les Pays-Bas [17], [18]. Nous avons besoin d'un changement.

Et maintenant?

Ceci est une question importante.
Que voulons-nous? Allons-nous enfin faire vraiment ce qui est juste?
Allons-nous montrer de nous-mêmes notre meilleur aspect?

Un véritable changement culturel est nécessaire. La santé mentale doit se réinventer, et mettre fin aux pratiques d'enfermement et de coercition. De bons soins sont possibles.

« Oui, mais ce n'est pas ... »

Les commentaires fréquemment entendus sont: « C'est un bel idéal, mais cela n'est pas réaliste » ou bien: « Il ne peut en être autrement, parce que le système ne soutient pas cela » ou bien: « La société ici n'est pas du tout prête pour cela. » L'hypothèse implicite selon laquelle un changement de culture serait «irréaliste» , montre des perspectives limitées, peu d'espoir ou d'ambition. Le système est entre nos mains. Nous sommes la génération actuelle. Le changement est possible. Le monde est en constante évolution. La santé mentale peut changer [19] , [20] , ainsi que l' opinion publique. Nous ne sommes pas impuissants ni insensibles. Des efforts sont nécessaires pour travailler ensemble afin de rendre le monde meilleur et plus acceptable. Nous pouvons le faire.

Le changement peut paraître effrayant. Sans un historique positif ou la mise en œuvre de bonnes pratiques ailleurs, il est peut-être difficile d'imaginer que tout puisse être différent, mais cela ne doit pas être une raison pour abandonner immédiatement. Nous ne nous demandons pas si il est réaliste d'arrêter toute la faim dans le monde avant de commencer. Chaque personne compte. Le soin réel est possible et doit être réalisé, y compris dans les situations de crise aiguës et complexes. Les pratiques abusives sont à arrêter immédiatement. Telle est la tâche qui est assignée à notre génération. Cela vaut la peine de travailler ensemble pour unir toutes les forces afin de réaliser ce changement historique de l'exclusion vers l'inclusion.

La remarque: « Oui, mais la contrainte est nécessaire, tant qu'il n'y a pas d'alternative » doit ici être réfutée. La coercition n'est pas un soin, mais l'abus, et il n'y a aucune excuse pour l'abus. La coercition n'est jamais nécessaire. Un soin de bonne qualité est nécessaire.

Faire des droits de l'homme une réalité

La Convention des Nations Unies relative aux Droits des Personnes Handicapées (CDPH) fournit une dynamique de changement. Si tout le monde coopère maintenant, à tous les niveaux du système et de la société, le changement proposé recevra une impulsion sans précédent. Les articles de la Convention des Nations Unies ici fournissent des conseils, donc, une action globale et cohérente est possible. La Convention des Nations Unies fournit d'énormes possibilités d'améliorer le monde de façon effective.

Ensemble, nous pouvons éradiquer le traitement forcé de la santé mentale. Là où il y a une volonté, il y a un chemin. Dans l'histoire il y avait l'asile, et maintenant nous faisons mieux. Alors maintenant, nous devons faire mieux. Un monde largement non-exploré est devant nous.

Les points-clés

Il est difficile de changer le système de santé mentale, et la confiance dans la santé mentale ne se restaurera pas sans efforts. Plusieurs choses sont nécessaires pour changer durablement la situation:

- Réaliser de bons soins
L'ancienne psychiatrie ne se fonde pas sur les droits de l'homme, ni sur la diversité et l'inclusion, mais sur la xénophobie et l'exclusion. La science a jusqu'ici mis l'accent sur l'homogénéisation de la société, et sur les tentatives de changer les personnes ( la mentalité de la camisole de force et des cases à cocher ). La santé mentale moderne devrait se concentrer sur la promotion d'une société hétérogène et diversifiée, en créant les bonnes conditions dans la société pour rendre possibles l'autodétermination, la liberté et l'inclusion, afin que chacun puisse être heureux et puisse s'accomplir dans sa vie au sein de notre société. Une réforme fondamentale des soins en santé mentale est nécessaire.

Le bien-être - ou la santé mentale - est une valeur intrinsèque très personnelle qui ne peut être produite sous la contrainte. La résolution des problèmes psychosociaux ( « recovery » en anglais ) n'est pas un processus isolé de la personne concernée, mais elle est maillage avec le contexte social de la personne, tels que les opportunités de la vie, l'acceptation sociale et l'inclusion. L'étendue des besoins concernés par le soin doit être complètement réévaluée et adaptée aux exigences d'aujourd'hui.

Il est nécessaire que les privations de liberté cessent immédiatement. La mise en œuvre des soins de qualité est nécessaire et urgente, et ne peut être reportée plus longtemps. Les directives précédentes en vertu de la loi BOPZ 1994, de recourir à la coercition « aussi peu que possible » et « de durée la plus courte possible » ont clairement échoué, et le nombre d'applications obligatoires (RM et IBS) continue d'augmenter de façon continue, et au cours des 10 dernières années, a plus que doublé. Cette tendance est inacceptable et par conséquent quelque chose doit vraiment changer maintenant. Le besoin de soins ne doit pas être une raison pour la privation de la liberté. De bons soins sont possibles.

Sans soins appropriés, le désordre ne peut que se déplacer. Il est impératif de faire tous les efforts immédiatement pour fournir des soins de qualité, y compris les soins appropriés dans des situations de crise.

- Législation: Bannir la coercition, réorganiser les soins
La législation sur le traitement obligatoire de la santé mentale doit être révisée. L'objectif des soins de santé mentale n'est pas de traiter les gens vulnérables de façon brutale, mais le but est de fournir de bons soins, même dans des situations de crise. Il est nécessaire de mettre en place une transition.

La législation sur la folie date de 1841, à une époque où la science médicale en était absolument à ses débuts. La loi BOPZ 1994, et le projet de loi récent sur les soins obligatoires de santé mentale ont une structure similaire aux autorisations judiciaires et mesures de crise RM / IBS, qui respectivement, sont au cœur des détentions et traitements forcés. Ce système ne repose pas sur une prise de conscience des droits de l'homme, et ne porte pas sur la qualité des soins et cela doit changer.

Le traitement forcé est un abus. La législation devrait protéger tous les citoyens contre les abus. Si le gouvernement participe à des mauvais traitements de certains groupes, c'est de la torture [21], [22], qui est absolument interdite. Les lois coercitives telles que la BOPZ et le projet de loi sur les soins obligatoire de santé mentale sont inacceptables.

La législation vise à fournir un cadre équitable pour la société. Une interdiction de la contrainte est nécessaire en raison des droits de l'homme [23]. En outre, certaines lois peuvent accélérer la fourniture de soins de qualité et l'organisation de l'innovation [24]. Il nous est possible de faire des lois qui soient réellement utiles à la société. Ne serait-ce pas appréciable?

- Compensation: Reconnaître la gravité
Pendant des années et des années, le gouvernement et de nombreux travailleurs de santé ont  pris le contrôle sur la vie des patients psychiatriques et les ont soumis par la contrainte aux terribles traitements forcés, aux cellules d'isolement, à la médication forcée, aux ceintures de contention, aux électrochocs, tous motivés par de soi-disant « bonnes intentions ». La sincérité des personnes responsables doit maintenant être prouvée par la reconnaissance authentique de la souffrance que beaucoup ont eu à endurer. Une compensation serait appropriée: quand vous cassez quelque chose vous avez à payer pour cela. Nous considérons cela comme tout à fait normal.

* Les excuses sont nécessaires pour rétablir la relation entre les (anciens) clients et les soignants.
* La reconnaissance des traumatismes causés par le traitement forcé et un soutien pour les surmonter si cela est demandé.
* Des compensations qui montrent que le changement d'attitude est authentique.

Maintenant, il est temps de montrer que les Pays-Bas sont vraiment un pays civilisé.

Passons à l'action
Je voudrais appeler tout le monde à contribuer au changement culturel. Travaillons ensemble pour veiller à ce que les droits de l'homme soient respectés pour chaque être humain, et que la vieille psychiatrie démodée disparaisse, et que seuls les bons soins soient pratiqués en santé mentale.

S'il vous plaît diffusez ce message afin d'accroître la sensibilisation.

***

Pour renforcer l'argument ci-dessus, j'ai publié une description de mes expériences personnelles avec la psychiatrie forcée néerlandaise, à lire en anglais à travers ce lien: 16 ans, déprimée et torturée en psychiatrie - Une déclaration d'une victime des abus et de la torture par la psychiatrie forcée (2016).

https://tekeertegendeisoleer.files.wordpress.com/2014/12/16-years-old-depressed-and-tortured-in-psychiatry.pdf

Cette publication fait partie de la campagne prohibition absolue de l'hospitalisation et du traitement forcés, voir  https://absoluteprohibition.wordpress.com

Références:

[1] Actiegroep Tekeer tegen de isoleer! / Stichting Mind Rights www.mindrights.nl
[2] WNUSP: World Network of Users and Survivors of Psychiatry www.wnusp.net
[3] ENUSP: European Network of (Ex-) Users and Survivors of Psychiatry www.enusp.org
[4] Report: Best practices rondom dwangreductie in de GGZ 2011
[5] Declaration on reduction of coercion:  Intentieverklaring GGZ: preventie van dwang in de GGZ 2011
[6] High Intensive Care HIC (HIC)
[7] Description of Racial-science e.a.: Winkler Prins Algemeene Encyclopaedie, vijfde druk, Elsevier, 1936
[8] Human Rights Watch “Living in hell – abuses against people with psychosocial disabilities in Indonesia”, 2016
[9] Robin Hammond, fotoserie “Condemned – Mental health in African countries in crisis”
[10] Brandon van Ingen, Jongen al 3 jaar vastgebonden in een zorginstelling
[11] Alex Oudman, Schokkende beelden uit isoleercel – Toen en nu
[12] UN Convention on the Rights of Persons with Disabilities (CRPD)
[13] CRPD General Comment no. 1 on CRPD article 12 Equal Recognition before the law
[14] CRPD Guidelines on CRPD article 14 Liberty and Security of Person
[15] Statement of 2 UN Special Rapporteurs “Dignity must prevail – an appeal to do away with non-consensual psychiatric treatments” World Mental Health Day, 10 October 2015
[16] A/HRC/22/53 Special Rapporteur on Torture, Juan E Mendez, Torture in health care settings (2013)
[17] Communication sent to the Kingdom of the Netherlands by the UN Special Rapporteur on Torture and Other Cruel, Inhuman or Degrading Treatment or Punishment and the UN Special Rapporteur on the Right of Everyone to the Enjoyment of the Highest Attainable Standard of Physical and Mental Health. AL Health (2002-7) G/SO 214 (53-24) NLD 2/2013, October 2013, https://spdb.ohchr.org/hrdb/24th/public_-_AL_Netherlands_08.10.13_(2.2013).pdf
[18] CAT/C/NLD/CO/5-6, CAT Concluding Observations on the Netherlands
[19] High Intensive Care HIC (HIC)
[20] Intensive Home Treatment (IHT)
[21] Torture, for full definitiion see article 1 CAT, Convention Against Torture.
[22] A/HRC/22/53 Special Rapporteur on Torture, Juan E Mendez, Torture in health care settings (2013)
[23] amongst others the right to liberty, freedom from torture / Civil and political rights and CRPD
[24] amongst others the right to health care and adequate standard of living / Social, economic and cultural rights and CRPD.

2 commentaires:

  1. Partie 1/2

    Si je puis me permettre un commentaire constructif :

    A) Jolijn Santegoeds ne comprend pas du tout ce qu’est la psychiatrie. La psychiatrie est une institution de répression des comportements déviants, et une entreprise vendant de la drogue. Son but n’a jamais été le “soin” ni ne le sera jamais. Son intérêt n’est pas du tout d’interdire les traitements forcés, c’est même tout le contraire. En effet, certaines personnes déviantes refusent de devenir ses clients. Il est donc naturel d’utiliser la contrainte, pour servir l’état, la société et la famille.

    B) Il ne faut surtout pas que les “soins” soient gratuits. C’est justement à cause de la Sécurité Sociale que la psychiatrie est si prospère. La psychiatrie est comme une sangsue qui pompe l’argent de la société en échange de la répression des déviants. Les médecins -- et donc les psychiatres -- contrôlent quels types de “soin” seront remboursés et quels autres non. Comment pouvez-vous imaginer que les psychiatres se tirent une balle dans le pied en interdisant leurs méthodes ? Pourquoi croyez-vous que la psychothérapie n’est pas remboursée, sauf lorsqu’elle est exercée par un psychiatre ? Pourquoi croyez-vous que les psychologues se soumettent à la psychiatrie, si ce n’est parce que la psychiatrie leur fournit des postes stables dans les hôpitaux, les cliniques, les maisons de retraite, dont les “soins” sont remboursés, tandis qu’en libéral, ils sont en concurrence avec ces gens qui se payent royalement sur la Sécurité Sociale ? Le mieux qui puisse arriver, c’est au contraire un resserrement drastique des remboursements de la Sécurité Sociale.

    C) les traitements psychiatriques ne sont pas pires dans le tiers-monde, quel préjugé… En fait, plus la psychiatrie est riche, pire elle est. Cela a été démontré par l’ONU à propos du traitement de la schizophrénie, dont les résultats sont meilleurs dans le tiers-monde, justement parce que la psychiatrie est moins développée (moins de neuroleptiques, moins de matériel “médical”, moins de personnel “formé”, etc.). Eh oui, le Nigéria, l’Inde, etc. ont un taux de rétablissement des schizophrènes très supérieurs à celui des pays occidentaux ! Cela ne veut pas dire que la psychiatrie est bonne dans le tiers-monde… Cela veut juste dire qu’elle est moins nocive par manque de moyens.

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  2. Partie 2/2

    D) « Dans l’histoire il y avait l’asile, et maintenant nous faisons mieux. » Prouvez-le ! Vous n’avez pas étudié ! En 1880 et 1890, la prévalence de la « maladie mentale » aux États-Unis était estimée, selon les premières enquêtes démographiques scientifiques, à 0,18 % (Wines, 1888, p. VII ; North, 1907, p. 6). Aujourd’hui, elle est de 18.29 %, chez les adultes (Mental Health America, 2017, p. 19) ! La psychiatrie a progressé sans discontinuer pendant tout le XXe siècle, en “diagnostiquant” et en “soignant” une part toujours plus importante de la population. Depuis les années 50, le nombre d’« épisodes psychiatriques » par 100000 habitants a presque quadruplé. Quant au taux d’hospitalisation de la population, qui aurait miraculeusement baissé « grâce » aux neuroleptiques, il est en fait revenu à son niveau de 1900. On a tout simplement transformé les enfermés en drogués, et on en a démultiplié le nombre sans aucun résultat thérapeutique ! Au contraire, le nombre de « malades mentaux » augmente, presque 1 personne sur 5 aux États-Unis ! Vous vous rendez compte s’il en avait été de même pour des maladies réelles, comme la tuberculose ? Si on avait dit aux statisticiens du début du 20e qu’on trouverait presque 100 fois plus de malades mentaux cent ans plus tard (en pourcentage, pas en valeur absolue !), ils auraient pensé que la société du 21e siècle est complètement folle, et que les psychiatres ne sont pas les moins fous. Alors que les hôpitaux psychiatriques des années 30 et 40 étaient des oubliettes, ils sont maintenant des portes d’entrées dans la toxicomanie forcée d’un nombre beaucoup plus grand de personnes, notamment des enfants, sans oublier les cellules d’isolement, les camisoles de force et les électrochocs qui existent toujours. « Maintenant nous faisons mieux ». En effet, quel progrès !

    Sources :

    Wines, F. H. Defective, dependent, and delinquent classes of the population of the United State, as returned at the tenth census (June 1, 1880) (1888), Department of the Interior, Census Office.

    North, S. N. D. Insanes and Feeble-Minded In Hospitals and Institutions, 1904 (1906), Department of the commerce and Labor, Bureau of the Census.

    Mental Health America, The State of the Mental Health in America 2017 (2017), Mental Health America.

    Et d’autres sources, je les rassemblerai plus tard…

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